Début janvier, sur Insta, j'ai découvert le Gang des Blogueuses Couture.
Une réflexion partagée, lancée par Mars-Elle, incluant 13 blogueuses couture -donc- pour redonner sens et vie à ces fameux blogs trop souvent délaissés dans la course folle aux likes.
Différents thèmes, et les premiers choisis : "pourquoi tu couds ?" et "pourquoi tu blogues ?".
J'ai commencé à étudier la chose, sans réel résultat. Et je me suis dis que -comme toujours- je ne serai lue que par les quelques amis qui me suivent et me connaissent, que je n'allais donc pas leur infliger un énième monologue analytique sur ma petite personne.
Et puis 2020 a décidé de débuter avec le décès de mon unique et si chère grand-mère.
Les réponses se sont alors imposées : je couds pour elle, je blogue pour elle.
Passées ces évidences, j'ai quand même eu envie de pousser un peu plus loin les réflexions.
J'ai lu une bonne partie des articles du GBC et certains, pour des raisons assez diverses, ont vraiment résonné en moi (notamment ceux de Chebiwoman, Avril sur un fil et Un chas).
Et j'ai eu envie d'écrire.
Je suis quelqu'un qui aime écrire. Mais dans ma tête.
Alors pourquoi bloguer si c'est pour ne rien écrire ?? J'y reviendrai.
"Dis Marion, pourquoi tu couds ?"
En premier lieu, pour faire comme tout le monde...
Il y a une dizaine d'années, je travaillais avec M. et A. Elles se cousaient des tenues qui m'émerveillaient, et les blogs couture pleuvaient. J'admirais le tomber de la jupe de l'une, le décolleté de la robe de l'autre, la finesse du Liberty... Et je me disais que c'était génial cette possibilité de FAIRE. Faire, vraiment, ce qu'on voulait, comme on voulait !
Alors j'ai suivi. J'ai acheté ma machine, et j'ai cousu.
Du japonais (très en vogue à l'époque) et du Liberty.
Mais un patron nippon te fait vite ressembler à un sac de tri de la Poste, et le Liberty coûte trop cher pour être gâché en bidouillages.
Du coup, je me suis concentrée sur autre chose : faire plaisir aux autres !
Je ne comprenais rien aux patrons Burda ? J'étais incapable de savoir quelle fringue me coudre ?
Et bien soit, et tant pis. Je me suis focalisée sur des petites pièces : un mélange éclectique de trousses, tapis à langer, chaussons en cuir, sacs, doudous ou autres turbulettes... Des choses à ma portée. Pas toujours aussi simples qu'elles le paraissaient, mais que je savais faire. Et j'offrais ! Chaque cadeau était unique et sur-mesure pour son destinataire. Personnalisé, choisi et réalisé avec soin et amour.
Et ça, ça rend fier !
Parce qu'un autre aspect important de mon rapport à la couture, c'est la fierté. Comme beaucoup.
Le bonheur d'avoir fait soi-même ! La jouissance de réaliser quelque chose de concret, créer.
Quand tu as un job intellectuel (au sens premier du terme), tu n'obtiens pas -ou peu- de résultats.
J'aime mon boulot d'enseignante mais il est très frustrant. C'est un travail de longue haleine dont tu ne récoltes que trop rarement les fruits : ces -futurs- citoyens que tu essaies de rendre un peu plus respectueux, responsables, cultivés et réfléchis.
Cette frustration, te bouffe. Me bouffe. Et si tu ne veux pas choper un ulcère ou te ruiner les ménisques à force de courir pour t'ôter cette frustration, alors il te faut trouver une activité annexe gratifiante et satisfaisante.
Aussi, j'ai un cerveau qui tourne à mille à l'heure, tout le temps. C'est fatigant.
Depuis toujours je passe des heures à lire, pour calmer et nourrir cette matière grise qui bouillonne sous mon crâne. L'alimenter d'autre chose que mes élucubrations quotidiennes, mes doutes permanents ou mes questions existentielles. La lecture me nourrit, me fait penser et me façonne mais elle ne m'apaise pas, ou du moins pas assez.
La couture permet d'occuper mes mains et, de fait, de canaliser mon énergie et dompter mon cerveau, au moins un temps.
En tout premier, la création de bijoux a joué ce rôle, puis la couture, et ensuite, le tricot et la broderie.
Et puis il y a les défis ! Travailler le cuir, coudre un manteau (oui, bon, taille 4ans...), réaliser une robe sans patron etc. Il m'est difficile, en couture comme dans la vie, de sortir de ma zone de confort, mais j'y travaille.
Toujours avec cette envie d'être fière, et de prouver que, même si je suis malhabile, brouillonne, maladroite et impatiente comme on me le répète souvent depuis que je suis gamine, je peux le faire !
Ces derniers temps, le tricot m'a apporté plus de satisfactions que la couture : je trouve que je progresse plus vite, plus facilement, et surtout je porte mes réalisations !
Mais c'est évidemment en lien avec ma garde-robe. Je suis de ces gens qui portent une espèce d'uniforme, un truc banal, qui se veut invisible donc rassurant. L'âge avançant, j'apprends à connaitre mes goûts (il était temps) et à moins déprécier mon corps. Je sais plus ce que je veux moi, et non ce que me dictent Insta et les blogueuses. Mais certaines d'entre elles m'ont aidée dans cette voie.
Je n'ai pas encore totalement franchi le pas et mon uniforme n'est pas encore 100% fait main, mais ça viendra.
Tu remarques, le retour malin sur les blogueuses et IG ??
Oui, on arrive à la deuxième question !
"Dis Marion, pourquoi tu blogues ?"
En premier lieu pour la mémoire. Avoir une trace visible de mes réalisations. Pas juste des photos sur un disque dur rangé dans un tiroir.
Ensuite, j'y reviens, pour ma grand-mère. N'habitant pas près d'elle, ce blog me permettait n'importe où, n'importe quand, de lui montrer tel pull, tel top, de lui demander si elle ne verrait pas cette jupe en version plus courte/longue, cette blouse plus ample/ajustée ? Elle a parfois été dure mais ses conseils ont toujours été justes.
Et puis la fierté dans ses yeux -malgré les critiques- n'avait pas de prix !
Parce que, bien sûr, le blog est là aussi à cause/grâce à l'envie de reconnaissance.
Tu crées, tu t'amuses, tu te fais plaisir, mais au fond de toi -c'est humain je crois- tu as envie de visibilité. Le gamin au fond de toi qui hurle "Et regardez, c'est moi qui l'ai fait !!" est toujours là.
Etant autodidacte, je ne me sentais pas légitime au sein de la blogosphère foisonnante. Je commentais parfois, principalement pour dire que je trouvais les réalisations jolies, mais ça s'arrêtait là. J'avais l'impression de ne pas avoir ma place dans cette communauté virtuelle où tout le monde semblait se connaître. Là encore, c'est un trait de mon caractère.
Mais le gamin qui gesticule dans tous les sens voulait vraiment qu'on le remarque... Et chacune de mes réalisations a une histoire.
Alors j'ai voulu raconter ces histoires. D'abord timidement ("une commande pour A.", "un cadeau pour S.") et puis la pipelette que je suis s'est un peu lâchée... Rien de vraiment technique (cf plus haut), mais un minimum d'explications, au moins perso.
Chaque titre d'article est inspiré d'un livre ou d'une chanson. En lien avec le récipiendaire, la période que je vis, parce que j'ai écouté la chanson en cousant ou parce que j'ai pensé à un jeu de mots débile en rapport avec la réalisation. Je n'ai pas commencé ce "jeu" en lançant le blog, mais il s'est vite imposé, la littérature (et dans une moindre mesure la musique) occupant une place bien trop importante dans ma vie.
Je disais précédemment que j'avais un souci d'appréciation de mon corps. Le blog me sert aussi à ça. Outre faire chier les copines (coucou Steph, Vir, Frédé, Nelly et les autres !), les shootings -doucement- m'apprennent à m'apprivoiser. Apprivoiser mon image et petit à petit, mon corps lui-même.
Voilà... Je crois que j'ai fait le tour.
Je reste malgré tout attachée aux likes/cœurs/pouces vers le haut, mais j'apprends à m'en détacher et à ne faire les choses que pour moi.
J'apprends peu à peu (doucement là encore) à me faire confiance...
Et à ne plus écrire que dans ma tête...
Pour lire les articles des fondatrices du GBC c'est par là !
- Anne : https://unchasunchas.com (@annouchk)
- Clémentine : http://mandarinecouture.com (@mandarinecouture)
- Clothilde : https://coutureandclo.wordpress.com (@couture_and_clo)
- Élodie: http://elodieblueberry.fr (@elodieblueberry)
- Helena : https://awinterneedle.wordpress.com (@winterneedle)
- Jessica : http://lavieennoeuds.com (@lavieennoeuds)
- Laurie : https://untresordansmonplacard.fr/category/diy (@un_tresor_dans_mon_placard_)
- Maëlig : https://defiledidees.wordpress.com (@defiledidees)
- Muriel : http://muetcompagnie.canalblog.com (@destoilesetdespois)
- Nathalie : http://www.atelier292.be (@atelier292.be)
- Perrine : https://augusteetseptembre.wordpress.com (@auguste_et_septembre)
- Rebecca : www.mars-elle.com/blog (@mars_elle_fabrics)
Quel bel article Marion... touchant, bien écrit et qui donne envie de te connaître un peu plus.
RépondreSupprimerOui, même autodidacte on a le droit de montrer ses créations, d'être fière, de partager et de commenter... pourquoi pas ? Peu importe le chemin !
Ton commentaire sur le blog m'a profondément touchée et je me retrouve complètement dans cette belle histoire : un décès qui créé un déclic, le syndrome de l'autodidacte qui ne se sent pas légitime, le besoin de garder une trace de son travail et de reconnaissance.
..
Laisse-toi aller à cette passion sans arrière-pensée, fais toi confiance et fais toi plaisir !
Ravie que cette initiative m'ait permis de faire ta connaissance ��
A bientôt Marion
Sylvie
Merci beaucoup Sylvie !
SupprimerPour ton retour et ces belles découvertes engendrées par le Gang.
A bientôt c'est certain.
Touchants ton expérience et ton ressenti !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup l’anecdote sur les choix de tes titres.
A bientôt
Merci Virginie !
SupprimerA bientôt oui, ici ou là...
Waaaaw, c'est super de te découvrir par ce biais ! J'aime beaucoup ton article, ton écriture, la fluidité de tes mots. ET je te rejoins en particulier sur cet équilibre entre un travail "intellectuel" et une passion "manuelle". La couture a aussi été pour moi une remise à l'équilibre salutaire à ce niveau là.
RépondreSupprimerBelle continuation et vive les blogs couture !
Rebecca.
Merci infiniment, d'avoir lancé le truc, d'avoir vidé ton sac et d'avoir lu ce que contenait le mien !
SupprimerA bientôt
Marion